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مُساهمةموضوع: Livre sixième: L'affaire Champmathieu     Livre sixième: L'affaire Champmathieu I_icon_minitimeالسبت فبراير 16, 2013 10:25 am

Livre sixième


Le policier Javert, qui incarne une justice implacable et rigide, a mis sa vie au service de la loi, comme d'une religion. Ancien garde-chiourme dans le midi, il a l'impression depuis longtemps de reconnaître dans le maire un ancien bagnard.
Livre septième
Aux termes d'une longue nuit d'angoisse, monsieur Madeleine ira révéler sa véritable identité au procès d'un pauvre homme un peu simple, Champmathieu, son sosie, pour lui éviter d'être condamné à sa place.


Un matin, monsieur Madeleine était dans son cabinet, occupé à régler d'avance quelques affaires pressantes de la mairie pour le cas où il se déciderait à ce voyage de Montfermeil, lorsqu'on vint lui dire que l'inspecteur de police Javert demandait à lui parler.
Javert entra.
—Monsieur le maire, je viens vous prier de vouloir bien provoquer près de l'autorité ma destitution.
Monsieur Madeleine stupéfait ouvrit la bouche. Javert l'interrompit.
—Vous direz, j'aurais pu donner ma démission, mais cela ne suffit pas. Donner sa démission, c'est honorable. J'ai failli, je dois être puni. Il faut que je sois chassé.
Et après une pause, il ajouta :
—Monsieur le maire, vous avez été sévère pour moi l'autre jour injustement. Soyez-le aujourd'hui justement.
—Ah çà ! pourquoi ? s'écria monsieur Madeleine.
Vous vous accusez, vous voulez être remplacé...
—Vous allez comprendre, monsieur le maire.
Javert soupira du fond de sa poitrine et reprit toujours froidement et tristement
—Monsieur le maire, il y a six semaines, à la suite de cette scène pour cette fille, j'étais furieux, je vous ai dénoncé.
—Dénoncé !
—À la préfecture de police de Paris.
Monsieur Madeleine, qui ne riait pas beaucoup plus souvent que Javert, se mit à rire.
—Comme maire ayant empiété sur la police ?
—Comme ancien forçat.
Le maire devint livide.
Javert, qui n'avait pas levé les yeux, continua :
—Je le croyais. Depuis longtemps j'avais des idées. Une ressemblance, votre force des reins, votre adresse au tir, votre jambe qui traîne un peu, est-ce que je sais, moi ? des bêtises ! mais enfin je vous prenais pour un nommé Jean Valjean.
—Un nommé ?... Comment dites-vous ce nom-là ?
—Jean Valjean. C'est un forçat que j'avais vu il y a vingt ans quand j'étais adjudant-garde-chiourme à Toulon. En sortant du bagne, ce Jean Valjean avait, à ce qu'il paraît, volé chez un évêque, puis il avait commis un autre vol à main armée, dans un chemin public, sur un petit savoyard. Depuis huit ans il s'était dérobé, on ne sait comment, et on le cherchait. Moi je m'étais figuré... Enfin, j'ai fait cette chose ! La colère m'a décidé, je vous ai dénoncé à la préfecture.
—Et que vous a-t-on répondu ?
—Que j'étais fou.
—Eh bien ?
—Eh bien, on avait raison.
—C'est heureux que vous le reconnaissiez !
—Il faut bien, puisque le véritable Jean Valjean est trouvé.
Il paraît qu'il y avait une espèce de bonhomme qu'on appelait le père Champmathieu. Dernièrement, cet automne, le père Champmathieu a été arrêté pour un vol de pommes à cidre. Il avait encore la branche de pommier à la main. On coffre le drôle. La geôle étant en mauvais état, monsieur le juge d'instruction trouve à propos de faire transférer Champmathieu à Arras où est la prison départementale. Dans cette prison d'Arras, il y a un ancien forçat nommé Brevet qui est détenu pour je ne sais quoi, Champmathieu n'est pas plus tôt débarqué que voilà Brevet qui s'écrie : «Eh mais ! je connais cet homme-là. Tu es Jean Valjean ! Tu as été au bagne de Toulon. Il y a vingt ans. Nous y étions ensemble. Le Champmathieu nie. Parbleu ! Ce Valjean s'appelait de son nom de baptême Jean et sa mère se nommait de son nom de famille Mathieu. Quoi de plus naturel que de penser qu'en sortant du bagne il aura pris le nom de sa mère pour se cacher et se sera fait appeler Jean Mathieu ? Il va en Auvergne. De Jean la prononciation du pays fait Chan, on l'appelle Chan Mathieu. Notre homme se laisse faire et le voilà transformé en Champmathieu. Vous me suivez, n'est-ce pas ? Avec Brevet, il n'y a plus que deux forçats qui aient vu Jean Valjean. Ce sont les condamnés à vie Cochepaille et Chenildieu. On les extrait du bagne et on les fait venir. On les confronte au prétendu Champmathieu. Ils n'hésitent pas. Pour eux comme pour Brevet, c'est Jean Valjean. Même âge, il a cinquante-quatre ans, même taille, même air, même homme enfin, c'est lui. C'est en ce moment-là même que j'envoyais ma dénonciation à la préfecture de Paris.
On me répond que je perds l'esprit et que Jean Valjean est à Arras au pouvoir de la justice. J'écris à monsieur le juge d'instruction. Il me fait venir, on m'amène le Champmathieu...
—Eh bien ? interrompit monsieur Madeleine.
Javert répondit avec son visage incorruptible et triste :
—Monsieur le maire, la vérité est la vérité. J'en suis fâché, mais c'est cet homme-là qui est Jean Valjean. Moi aussi je l'ai reconnu... Je continuerai le service jusqu'à ce que je sois remplacé.
Il sortit.
Le maire de Montreuil-sur-mer saisit convulsivement le bouton ; la porte s'ouvrit.
Il était dans la salle d'audience.
Tous les regards convergeaient vers un point unique, un banc de bois adossé à une petite porte, le long de la muraille, à gauche du président. Sur ce banc, que plusieurs chandelles éclairaient, il y avait un homme entre deux gendarmes.
Il ne le chercha pas, il le vit. Ses yeux allèrent là naturellement, comme s'ils avaient su d'avance où était cette figure.
Il crut se voir lui-même, vieilli, non pas sans doute absolument semblable de visage, mais tout pareil d'attitude et d'aspect, avec ces cheveux hérissés, avec cette prunelle fauve et inquiète, avec cette blouse, tel qu'il était le jour où il entrait à Digne, plein de haine et cachant dans son âme ce hideux trésor de pensées affreuses qu'il avait mis dix-neuf ans à ramasser sur le pavé du bagne.
Il se dit avec un frémissement :
—Mon Dieu ! est-ce que je redeviendrai ainsi ?
Cet être paraissait au moins soixante ans.
Il avait je ne sais quoi de rude, de stupide et d'effarouché.
L'accusation disait :
—Nous ne tenons pas seulement un voleur de fruits, un maraudeur ; nous tenons là, dans notre main, un bandit, un relaps en rupture de ban, un ancien forçat, un scélérat des plus dangereux, un malfaiteur appelé Jean Valjean que la justice recherche depuis longtemps, et qui, il y a huit ans, en sortant du bagne de Toulon, a commis un vol de grand chemin à main armée sur la personne d'un enfant savoyard appelé Petit-Gervais, crime prévu par l'article 383 du code pénal, pour lequel nous nous réservons de le poursuivre ultérieurement, quand l'identité sera judiciairement acquise. Il vient de commettre un nouveau vol. C'est un cas de récidive. Condamnez-le pour le fait nouveau ; il sera jugé plus tard pour le fait ancien.
Devant cette accusation, devant l'unanimité des témoins, l'accusé paraissait surtout étonné. Il faisait des gestes et des signes qui voulaient dire non, ou bien il considérait le plafond. Il parlait avec peine, répondait avec embarras, mais de la tête aux pieds toute sa personne niait. Il était comme un idiot en présence de toutes ces intelligences rangées en bataille autour de lui, et comme un étranger au milieu de cette société qui le saisissait.
Pendant que l'avocat général parlait, l'accusé écoutait, la bouche ouverte, avec une sorte d'étonnement où il entrait bien quelque admiration. Il était évidemment surpris qu'un homme pût parler comme cela.
L'avocat général fit remarquer au jury cette attitude hébétée, calculée évidemment, qui dénotait, non l'imbécillité, mais l'adresse, la ruse, l'habitude de tromper la justice, et qui mettait dans tout son jour «la profonde perversité» de cet homme.
Il termina en faisant ses réserves pour l'affaire Petit-Gervais, et en réclamant une condamnation sévère.
C'était, pour l'instant, les travaux forcés à perpétuité.
L'instant de clore les débats était venu. Le président fit lever l'accusé et lui adressa la question d'usage :
—Avez-vous quelque chose à ajouter à votre défense ?
L'homme, debout, roulant dans ses mains un affreux bonnet qu'il avait, sembla ne pas entendre.
Le président répéta la question.
Cette fois l'homme entendit. Il parut comprendre, il fit le mouvement de quelqu'un qui se réveille, promena ses yeux autour de lui, regarda le public, les gendarmes, son avocat, les jurés, la cour, et tout à coup, fixant son regard sur l'avocat général, il se mit à parler. :
—J'ai à dire ça. Que j'ai été charron à Paris, même que c'était chez monsieur Baloup. Voilà. Je dis vrai. Vous n'avez qu'à demander. Ah, bien oui, demander ! que je suis bête ! Paris, c'est un gouffre. Qui est-ce qui connaît le père Champmathieu ? Pourtant je vous dis monsieur Baloup. Voyez chez monsieur Baloup. Après ça, je ne sais pas ce qu'on me veut.
L'homme se tut, et resta debout. Quand il eut fini, l'auditoire éclata de rire. Il regarda le public, et voyant qu'on riait, et ne comprenant pas, il se mit à rire lui-même.
Cela était sinistre.
Le président, homme attentif et bienveillant, éleva la voix.
Il rappela à «messieurs les jurés» que «le sieur Baloup, l'ancien maître charron chez lequel l'accusé disait avoir servi, avait été inutilement cité.
Il était en faillite, et n'avait pu être retrouvé.» Puis se tournant vers l'accusé, il l'engagea à écouter ce qu'il allait lui dire :
—Accusé, dans votre intérêt, je vous interpelle une dernière fois, expliquez-vous clairement sur ces deux faits : Premièrement, avez-vous, oui ou non, franchi le mur du clos Pierron, cassé la branche et volé les pommes, c'est-à-dire commis le crime de vol avec escalade ? Deuxièmement, oui ou non, êtes-vous le forçat libéré Jean Valjean ?
L'accusé secoua la tête d'un air capable, comme un homme qui a bien compris et qui sait ce qu'il va répondre. Il ouvrit la bouche, se tourna vers le président et dit :
—D'abord...
Puis il regarda son bonnet, il regarda le plafond, et se tut.
—Accusé, reprit l'avocat général d'une voix sévère, faites attention. Vous ne répondez à rien de ce qu'on vous demande. Votre trouble vous condamne. Il est évident que vous ne vous appelez pas Champmathieu, que vous êtes le forçat Jean Valjean caché d'abord sous le nom de Jean Mathieu qui était le nom de sa mère, que vous êtes allé en Auvergne. Il est évident que vous avez volé avec escalade des pommes mûres dans le clos Pierron. Messieurs les jurés apprécieront.
L'accusé avait fini par se rasseoir ; il se leva brusquement quand l'avocat général eut fini, et s'écria :
—Vous êtes très méchant, vous ! Voilà ce que je voulais dire. Je ne trouvais pas d'abord. Je n'ai rien volé. Je suis un homme qui ne mange pas tous les jours.
Je marchais dans le pays, j'ai trouvé une branche cassée par terre où il y avait des pommes, j'ai ramassé la branche sans savoir qu'elle me ferait arriver de la peine. Il y a trois mois que je suis en prison et qu'on me trimballe. Après ça, je ne peux pas dire, on parle contre moi, on me dit : répondez ! Je ne sais pas expliquer, moi, je n'ai pas fait les études, je suis un pauvre homme. Je n'ai pas volé, j'ai ramassé par terre des choses qu'il y avait. Vous dites Jean Valjean, Jean Mathieu ! Je ne connais pas ces personnes-là. C'est des villageois. J'ai travaillé chez monsieur Baloup, boulevard de l'Hôpital. Je m'appelle Champmathieu. Vous m'ennuyez avec vos bêtises à la fin ! Pourquoi donc est-ce que le monde est après moi comme des acharnés !
L'avocat général était demeuré debout ; il s'adressa au président :
—Monsieur le président, en présence des dénégations confuses, mais fort habiles de l'accusé, qui voudrait bien se faire passer pour idiot, nous requérons d'appeler de nouveau dans cette enceinte les condamnés Brevet, Cochepaille et Chenildieu, et les interpeller une dernière fois sur l'identité de l'accusé avec le forçat Jean Valjean.
Une rumeur éclata dans le public et gagna presque le jury. Il était évident que l'homme était perdu.
—Huissiers, dit le président, faites faire silence. Je vais clore les débats.
En ce moment un mouvement se fit tout à côté du président. On entendit une voix qui criait :
—Brevet, Chenildieu, Cochepaille ! regardez de ce côté-ci.
Tous ceux qui entendirent cette voix se sentirent glacés, tant elle était lamentable et terrible.
Les yeux se tournèrent vers le point d'où elle venait. Le président, l'avocat général, monsieur Bamatabois, vingt personnes, le reconnurent, et s'écrièrent à la fois :
—Monsieur Madeleine !
Toutes les têtes se dressèrent. La sensation fut indescriptible. Avant même que le président et l'avocat général eussent pu dire un mot, avant que les gendarmes et les huissiers eussent pu faire un geste, l'homme que tous appelaient encore en ce moment monsieur Madeleine s'était avancé vers les témoins Cochepaille, Brevet et Chenildieu.
—Vous ne me reconnaissez pas ? dit-il.
Tous trois demeurèrent interdits et indiquèrent par un signe de tête qu'ils ne le connaissaient point. Cochepaille intimidé fit le salut militaire. Monsieur Madeleine se tourna vers les jurés et vers la cour et dit d'une voix douce :
—Messieurs les jurés, faites relâcher l'accusé. Monsieur le président, faites-moi arrêter. L'homme que vous cherchez, ce n'est pas lui, c'est moi. Je suis Jean Valjean.
L'avocat général prit la parole :
—Messieurs les jurés, l'incident si étrange et si inattendu qui trouble l'audience ne nous inspire, ainsi qu'à vous, qu'un sentiment que nous n'avons pas besoin d'exprimer. Vous connaissez tous, au moins de réputation, l'honorable monsieur Madeleine, maire de Montreuil-sur-mer. S'il y a un médecin dans l'auditoire, nous nous joignons à monsieur le président pour le prier de vouloir bien assister monsieur Madeleine et le reconduire à sa demeure.
Monsieur Madeleine ne laissa point achever l'avocat général.
—Je vous remercie, monsieur l'avocat général, mais je ne suis pas fou.
Vous allez voir. Vous étiez sur le point de commettre une grande erreur, lâchez cet homme, j'accomplis un devoir, je suis ce malheureux condamné. Je suis le seul qui voie clair ici, et je vous dis la vérité. Ce que je fais en ce moment, Dieu, qui est là-haut, le regarde, et cela suffit. Vous pouvez me prendre, puisque me voilà. J'avais pourtant fait de mon mieux. Je me suis caché sous un nom ; je suis devenu riche, je suis devenu maire ; j'ai voulu rentrer parmi les honnêtes gens. Il paraît que cela ne se peut pas. Enfin, il y a bien des choses que je ne puis pas dire, je ne vais pas vous raconter ma vie, un jour on saura. Vous trouverez chez moi, dans les cendres de la cheminée, la pièce de quarante sous que j'ai volée il y a sept ans à Petit-Gervais. Je n'ai plus rien à ajouter. N'allez point condamner cet homme au moins ! Quoi ! ceux-ci ne me reconnaissent pas ! Je voudrais que Javert fût ici. Il me reconnaîtrait, lui !
Il se tourna vers les trois forçats :
—Eh bien, je vous reconnais, moi ! Brevet ! vous rappelez-vous ?...
Il s'interrompit, hésita un moment, et dit :
—Te rappelles-tu ces bretelles en tricot à damier que tu avais au bagne ?
Brevet eut comme une secousse de surprise et le regarda de la tête aux pieds d'un air effrayé. Lui continua :
—Chenildieu, qui te surnommais toi-même Je-nie-Dieu, tu as toute l'épaule droite brûlée profondément, parce que tu t'es couché un jour l'épaule sur un réchaud plein de braise, pour effacer les trois lettres T.
F. P., qu'on y voit toujours cependant. Réponds, est-ce vrai ?
—C'est vrai, dit Chenildieu.
Il s'adressa à Cochepaille :
—Cochepaille, tu as près de la saignée du bras gauche une date gravée en lettres bleues avec de la poudre brûlée. Cette date, c'est celle du débarquement de l'empereur à Cannes, 1er mars 1815.
Relève ta manche.
Cochepaille releva sa manche, tous les regards se penchèrent autour de lui sur son bras nu. Un gendarme approcha une lampe ; la date y était.
Le malheureux homme se tourna vers l'auditoire et vers les juges avec un sourire dont ceux qui l'ont vu sont encore navrés lorsqu'ils y songent. C'était le sourire du triomphe, c'était aussi le sourire du désespoir.
—Vous voyez bien, dit-il, que je suis Jean Valjean. Je ne veux pas déranger davantage l'audience, reprit Jean Valjean. Je m'en vais, puisqu'on ne m'arrête pas. J'ai plusieurs choses à faire. Monsieur l'avocat général sait qui je suis, il sait où je vais, il me fera arrêter quand il voudra.
Il se dirigea vers la porte de sortie. Pas une voix ne s'éleva, pas un bras ne s'étendit pour l'empêcher. Tous s'écartèrent. Il avait en ce moment ce je ne sais quoi de divin qui fait que les multitudes reculent et se rangent devant un homme. Il traversa la foule à pas lents. On n'a jamais su qui ouvrit la porte, mais il est certain que la porte se trouva ouverte lorsqu'il y parvint. Arrivé là, il se retourna et dit :
—Monsieur l'avocat général, je reste à votre disposition.
Il sortit, et la porte se referma comme elle avait été ouverte, car ceux qui font de certaines choses souveraines sont toujours sûrs d'être servis par quelqu'un dans la foule.
Moins d'une heure après, le verdict du jury déchargeait de toute accusation le nommé Champmathieu ; et Champmathieu,
mis en liberté immédiatement, s'en allait stupéfait, croyant tous les hommes fous et ne comprenant rien à cette vision.
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